Érik Satie — 1 : La grosse peine d’Érik Satie

Érik Satie — 1 : La grosse peine d’Érik Satie

1 septembre 2020 5 Par Félicie Dubois

Érik Satie

1866–1925

I

 

Éric Alfred Leslie Satie est né le 17 mai 1866 à Hon­fleur (rue Haute), nous revien­drons sur ce sujet. Érik Satie est mort le 1er juil­let 1925 à Paris (hôpi­tal Saint-Joseph) comme tout le monde. Il est enter­ré au cimetière com­mu­nal d’Arcueil (94110). Passons.

 

Crin-Crin

 

Lon­dres, 19 juil­let 1865 : Jules Alfred Satie, courtier mar­itime à Hon­fleur, et Jane Leslie Anton, gou­ver­nante anglaise d’origine écos­saise, s’unissent par les liens du mariage dans une église angli­cane. L’événement est mal accueil­li par la mère d’Alfred, Eulalie Satie, catholique pra­ti­quante et volon­tiers anglo­phobe. Lorsque le cou­ple s’installe chez les par­ents d’Alfred (rue Haute), Eulalie déclare la guerre à sa bru venue d’Angleterre.

 

Hon­fleur, 17 mai 1866 : Jane Anton-Satie donne nais­sance à son pre­mier enfant, Éric Alfred Leslie. Elle se bat pen­dant plusieurs mois con­tre sa belle-mère pour que le nou­veau-né soit bap­tisé sous le rite de l’Église angli­cane. Suiv­ront trois autres petits angli­cans, sous­traits à l’Église catholique & apos­tolique & romaine — et à Eulalie : Olga (1868–1948) ; Con­rad (1869–1938) ; Diane (1871–1872).

 

En 1871, au lende­main du con­flit Fran­co-Prussien et de la Com­mune de Paris, fatigué des guer­res atra­bi­laires menées par son épouse et sa mère — chaque jour que Dieu fait —, Alfred Satie décide de sépar­er les bel­ligérantes. Il vend sa charge de courtier mar­itime et emmène femme & enfants à Paris.

Bilingue français/anglais, Alfred sera tra­duc­teur & libraire (le jour), com­pos­i­teur & édi­teur de musique légère (la nuit).

 

Par­ti­tion de Satie père (1883), D.R.

 

1872 : annus hor­ri­bilis. Le 27 avril, Diane, la ben­jamine de la fratrie Satie, meurt subite­ment à l’âge d’un an et demi. Six mois plus tard, le 27 octo­bre, Jane, la mère, suc­combe à une crise car­diaque à l’âge de trente-qua­tre ans. Le père, Alfred, se retrou­ve veuf à trente ans. Il con­fie ses enfants à sa famille et part à l’étranger.

Olga, qua­tre ans, est accueil­lie par un grand-oncle, mon­sieur Fortin, au Havre.

Con­rad, trois ans, retourne chez ses grands-par­ents pater­nels à Hon­fleur, rue Haute.[1]

Éric, lui aus­si, revient au pays natal … cepen­dant, à six ans, Eulalie con­sid­ère qu’il est assez grand pour être mis en pen­sion. Avant l’inscription au col­lège, le petit garçon devra abjur­er la reli­gion angli­cane de sa maman et recevra, aux côtés de Con­rad et Olga, le bap­tême catholique en l’église Sainte-Cather­ine, paroisse des Satie, con­stru­ite au XVème siè­cle pour célébr­er la fin de la Guerre de Cent Ans et le départ des Anglais.

 

Por­trait d’Éric Satie en uni­forme de col­légien, D.R.

 

L’enfant portera l’uniforme du col­légien — le pre­mier de tous ses cos­tumes —, de six à douze ans. Et cela lui fit grosse peine.[2]

 

Éric n’a qu’un ami, son oncle Adrien Satie, surnom­mé Sea Bird, oiseau des mers intem­pérant qui l’emmène au théâtre et lui apprend à boire. Mon oncle — ain­si que tous les braves mil­i­taires — buvait avec une sur­prenante abon­dance tout en racon­tant force his­toires dont le sel lui grat­tait le gosier et le pous­sait à lever le coude sans arrêt.[3]

Éric — rebap­tisé « Crin-Crin », ceci explique cela — s’intéresse à la musique.

Afin de le sous­traire aux poi­sons des cafés con­certs, azur & mar­itimes, grand-mère Eulalie inscrit son petit-fils aux leçons de Gus­tave Vinot, organ­iste & Maître de Chapelle en l’église Saint-Léonard, ancien élève de l’école Nie­der­mey­er, qui lui apprend — ça lui appren­dra — l’art du plain-chant. Chant monodique religieux, chant gré­gorien … le verbe de l’antique Église, l’âme du Moyen-Âge.[4]

 

1878 : annus hor­ri­bilis /bis. Maître Vinot quitte le joli petit port de la jolie petite ville d’Honfleur pour un nou­veau poste à Lyon, du jour au lende­main, sans prévenir ses élèves. L’oncle Sea Bird ne répond plus à l’appel (sinon du grand large …) Et, le 14 sep­tem­bre, grand-mère Eulalie meurt d’hydrocution sur la plage de Vasouy, à qua­tre kilo­mètres au sud de la rue Haute.

Éric Satie a douze ans et il est seul au monde.

 

Eugène Boudin « Les Jetées du Havre par gros temps » (1895)

 

Après sept ans de voy­ages à l’étranger, Alfred Satie est de retour à Paris.

Le 21 jan­vi­er 1879, il épouse en sec­on­des noces Eugénie Bar­netsche — pianiste & com­positrice de salon —, récupère ses trois enfants — Éric, Con­rad & Olga —, et loue un apparte­ment rue de Con­stan­tino­ple, dans le huitième arrondissement.

 

Crin-Crin aime la musique ?

Sa belle-mère (qu’il déteste) en fera un musi­cien bien installé.

Non.

 

Eugénie inscrit Éric au Con­ser­va­toire Nation­al Supérieur où il met­tra un point d’honneur à s’ennuyer comme un rat mort.

 

Monsieur-le-Pauvre

 

En sep­tem­bre 1884, Érik Satie, dix-huit ans, orthogra­phie son prénom avec un « k » (en hom­mage à ses ancêtres Vikings, dit-il) pour sign­er sa pre­mière com­po­si­tion : Alle­gro, une valse inspirée d’une chan­son pop­u­laire (J’irai revoir ma Nor­mandie ©Frédéric Bérat).

 

Érik Satie lit Baude­laire & Ver­laine & Rim­baud & Mal­lar­mé + les Con­tes d’Andersen + Gus­tave Flaubert. Il écoute Bach + Chopin + les vedettes du café-con­cert[5].

Ses nour­ri­t­ures ter­restres sont d’une var­iété qui déplait ; la chan­son de cabaret y côtoie le plain-chant médié­val, c’est orig­i­nal. Satie est tout sauf un sentimental.

 

L’enseignement académique du Con­ser­va­toire l’horripile, l’autoritarisme niaiseux de sa belle-mère l’insupporte … à l’automne 1886, Érik Satie quitte Paris pour Arras où il intè­gre la 33e divi­sion d’infanterie.

Là, il s’engage pour trois ans. Cepen­dant, décidé­ment, Érik Satie ne sup­porte ni l’académisme, ni l’autorité, ni la hiérar­chie. Cinq mois plus tard, il s’expose torse nu au froid glacial d’une nuit d’hiver septen­tri­onale. La pneu­monie qu’il con­tracte est si grave qu’on le libère de ses oblig­a­tions militaires.

Érik Satie est réfor­mé en avril 1887 et retourne à Paris.

 

Mar­cellin Des­boutin, deux por­traits d’Érik Satie dits « avant & après » (1893)

 

Le jeune homme ne ren­tre pas dans sa famille. Laque­lle ? Chez lui. Où ça ?

Au hasard de ses déam­bu­la­tions, Érik le Viking ren­con­tre le cata­lan José Patri­cio Con­t­a­mine de Latour (« poète » & « descen­dant de Napoléon »), avec lequel il noue une rela­tion d’amitié large­ment arrosée.

 

Érik Satie com­pose les qua­tre Ogives pour piano, inspirées par l’architecture médié­vale de Notre-Dame-de-Paris ; puis les trois Sara­ban­des (tou­jours pour piano), avec lesquelles il inau­gure la forme en mosaïque — sa mar­que de fabrique.

 

La brièveté des pièces musi­cales d’Érik Satie exprime une volon­té de resser­re­ment et de con­cen­tra­tion — écrit Vladimir Jankélévitch () Sans doute la réti­cence doit-elle être con­sid­érée comme un silence priv­ilégié (…) une manière d’étrangler l’éloquence, une forme de la pudeur humaine devant l’indicible.[6]

 

Érik Satie entrevoit l’idée-germe, inutile de dévelop­per. Le papil­lon sera mort demain.

Un jour, il a volé au-dessus du jardin et Satie s’en souvient.

 

 

En décem­bre 1887, Érik Satie pos­tule au titre de pianiste du plus fameux cabaret de Mont­martre : LE Chat Noir. Il se présente au directeur sous un néol­o­gisme de son cru :

« Érik Satie, gymnopédiste.

— Une bien belle pro­fes­sion ! » réplique Rodolphe Salis, ravi par sa nou­velle recrue.

Oui.

« Ful­canel­li » un mys­térieux alchimiste au pseu­do­nyme aux petits oignons, témoigne pour les siè­cles des siè­cles (con­tribuant ain­si large­ment à la renom­mée du cabaret mont­martrois) : Beau­coup d’entre nous se sou­vi­en­nent du fameux Chat Noir, qui eut tant de vogue sous la tutelle de Rodolphe Salis ; mais com­bi­en savent quel cen­tre ésotérique et poli­tique s’y dis­sim­u­lait, quelle maçon­ner­ie inter­na­tionale se cachait der­rière l’enseigne du cabaret artis­tique ? D’un côté le tal­ent d’une jeunesse fer­vente, idéal­iste, faite d’esthètes en quête de gloire, insou­ciante, aveu­gle, inca­pable de sus­pi­cion ; de l’autre, les con­fi­dences d’une société mys­térieuse mêlées à l’obscure diplo­matie, tableau à dou­ble face exposé à des­sein dans un cadre moyenâgeux.[7]

 

Au Chat Noir, Érik Satie ren­con­tre Vil­liers de l’Isle-Adam (sans doute trop wag­nérien à son goût /Cf. La Série Vil­liers) ; Paul Ver­laine et Alphonse Allais (Cf. Alphonse Allais).

 

Sous le ciel hon­fleu­rais flotte la Fantaisie,

Cette muse un peu folle

Aux séduisants attraits,

Et comme elle inspire l’humour

D’Alphonse Allais,

En musique on lui doit les dons

D’Érik Satie… [8]

 

Érik Satie loue une cham­bre sur la butte Mont­martre (6 rue Cor­tot), à quelques mètres de l’atelier de Suzanne Val­adon. Il porte à présent le cos­tume de l’artiste bohème — mélange de pèlerin, de punk-à-chien et de sac­ristain —, qui lui vaut le surnom de « Monsieur-le-Pauvre ».

 

San­ti­a­go Rusiñol « Érik Satie dans son logis de Mont­martre » (1891)

 

En 1888, Érik Satie com­pose les trois Gymnopédies pour piano.

L’étymologie de « Gymnopédie » n’a pas bonne presse aujourd’hui.

À l’époque dite Belle (1889–1914), le fait de célébr­er des corps ado­les­cents nus et dansants dans la lumière crue du jour, ros­es de pudeur, sub­li­mait un sen­ti­ment vertueux, celui de la « pureté », syn­onyme « d’innocence » — inaudi­ble à présent.

 

 

Du 6 mai au 31 octo­bre 1889, l’Exposition uni­verselle (dix­ième du nom, la qua­trième organ­isée en France) se tient à Paris du Champ de Mars au Tro­cadéro, en pas­sant par les Invalides et la colline de Chaillot.

Une quar­an­taine de pays invités & des mil­lions de vis­i­teurs célèbrent le cen­te­naire de la Révo­lu­tion française autour d’un mon­u­ment aus­si grandiose que pro­vi­soire, croit-on, con­stru­it pour l’occasion : la Tour Eiffel.

Le fan­tasme d’un Bon­heur uni­versel par le Pro­grès uni­versel (sci­en­tifique & tech­nologique) com­mence ici.

Le monde entier est à Paris.

Les pein­tres se pas­sion­nent pour les estam­pes japon­ais­es et les musi­ciens explorent le mode pen­ta­tonique.[9]

 

Hen­ri Riv­ière « Trente-six vues de la Tour Eif­fel » (1902)

 

En 1889, Érik Satie com­pose les pre­mières Gnossi­ennes.

Le terme « gnossien » (du grec gnô­sis : con­nais­sance ; la Gnose étant dev­enue, au fil des siè­cles, « La Con­nais­sance Suprême de tous les Mys­tères ») est un néol­o­gisme inven­té par Satie. Celui-ci aban­donne la ter­mi­nolo­gie musi­cale en usage pour indi­quer, sur ses par­ti­tions, d’étranges didascalies :

Gnossi­enne n°1 : Très luisant ; Ques­tion­nez ; Du bout de la pen­sée ; Pos­tulez en vous-même ; Pas à pas ; Sur la langue / Gnossi­enne n°2 : Avec éton­nement ; Ne sortez pas ; Dans une grande bon­té ; Plus intime­ment ; Avec une légère intim­ité ; Sans orgueil / Gnossi­enne n°3 : Con­seillez vous soigneuse­ment ; Munis­sez vous de clair­voy­ance ; Seul pen­dant un instant ; De manière à obtenir un creux ; Très per­du ; Portez cela plus loin ; Ouvrez la tête ; Enfouis­sez le son.

 

L’humour de Satie est une oblique pudeur qui s’exprime indi­recte­ment, sec­ondaire­ment, ironique­ment, écrit Vladimir Jankélévitch, notre maître à tous (je par­le pour moi)[10]. La mar­que de la pudeur n’est pas seule­ment de dire autre chose, mais aus­si et surtout d’en dire moins. (…) l’esprit de litote est celui de l’homme non plus secret, mais dis­cret et qui, rép­ri­mant en lui-même la furie expres­sive de l’appassionato et du dis­per­a­to, reste con­stam­ment en retrait par rap­port à l’émotion.

 

Pour Vladimir Jankélévitch : le temps gnossien, c’est le temps immo­bile.

Oui.

 

Le philosophe jouait volon­tiers au piano les mélodies d’Érik Satie — un musi­cien du petit matin, dis­ait-il. Son ami, le pianiste Jean-Joël Bar­bi­er, évo­quait quant à lui une musique mys­térieuse qui fris­sonne au bord du vide.[11]

 

 

En 1891, Érik Satie est pianiste à l’Auberge du Clou[12] où il se lie à Claude Debussy.

Pas­sons. Nous revien­drons sur ce sujet.

 

Érik & Claude fréquentent la Librairie de l’Art Indépen­dant[13] où Satie fait la con­nais­sance de l’autoproclamé Sâr Joséphin Péladan[14].

 

Por­trait de Joséphin Péladan, D.R.

 

Joseph-Aimé Péladan (1859–1918), écrivain & occultiste, est un illu­miné mondain comme il en fleu­rit tant à l’époque dite Belle.

Sous cou­vert de réanimer l’antique con­frérie apparue à la fin du Moyen-Âge en Europe occi­den­talede la Rose-Croix[15]  — , la société secrète de la Rose-Croix (pre­mière du nom) est un mélange d’ésotérisme gnos­tique et de mys­ti­cisme chré­tien —, Péladan lance une nou­velle mar­que : L’Ordre de la Rose + Croix du Tem­ple et du Graal© dont la mis­sion s’organise en Salons dédiés à l’Art-Dieu, avec les chefs‑d’œuvre pour dogmes et pour saints les génies.[16]

 

Le pre­mier (des six) Salon de la Rose + Croix du Tem­ple et du Graal ©Joséphin Péladan a lieu galerie Durand-Ruel[17], rue Laf­fitte, du 10 mars au 10 avril 1892.

Une soix­an­taine d’artistes sont exposés, dont les pein­tres belges Fer­nand Khnopff (1858–1921) & Jean Dev­ille (1867–1953) + le fran­co-suisse Félix Val­lot­ton (1865–1925).

Financé par le comte Antoine de La Rochefou­cauld, c’est l’événement cul­turel de l’année (selon Le Figaro.)

Le soir de l’inauguration, sous des Son­ner­ies pour trompettes d’Érik Satie, le Sâr Péladan accueille en grande pompe, s’il vous plait, le Tout-Paris fin de siè­cle ent­hou­si­aste ou railleur : Paul Ver­laine, Stéphane Mal­lar­mé, Émile Zola, Pierre Puvis de Cha­vannes, Gus­tave More­au, Octave Mir­beau, le duc & la duchesse de Noailles…

C’est un immense succès.

 

Nom­mé « Maître de chapelle de la Rose + Croix du Tem­ple et du Graal » par son nou­v­el ami Joséphin, Érik com­pose un Leit­mo­tiv + Le Fils des étoiles.

 

Puis, soudain, le 14 août suiv­ant, Satie rompt avec Péladan dans une let­tre ouverte au plus chic des jour­naux parisiens (un quo­ti­di­en de huit pages, fondé en 1879) : LE Gil-Blas.[18]

 

Mon­sieur le Rédacteur,

Suis fort sur­pris que Moy, pau­vre homme qui n’ay d’autres pen­sées que dedans mon Art, sois tou­jours pour­suivi avec le titre d’initiateur musi­cal des dis­ci­ples de mon­sieur Joséphin Péladan.

Cela me fait grand peine et désagré­ment. Car sy dois être l’élève de quiconque, croys pour­voir dire que ce n’est de nul autre que Moy…

(…)

… ce bon mon­sieur Joséphin Péladan, pour lequel ay grand respect et déférence, n’a jamais eu aucune autorité sur l’indépendance de mon Esthé­tique ; se trou­ve vis-à-vis de moy, non mon maître mais mon col­lab­o­ra­teur, ain­si et de même que mes vieux amis messieurs Con­t­a­mine de Latour et Albert Trinchant.

 

Une fois encore, Érik Satie affirme sa lib­erté — rad­i­cale, jusqu’à la mau­vaise foi ; infinie jusqu’au supplice.

Il ne veut être asso­cié à personne.

 

S’il se sépare du Sâr, « Ésotérik Satie » (©Alphonse Allais) n’en a pas fini avec la musique à genoux, comme il dit. Il com­pose un bal­let mys­ti­co-chré­tien sur un livret de Con­t­a­mine de Latour : Uspud. Pas­sons. Et fonde l’Église Mét­ro­pol­i­taine d’Art de Jésus Con­duc­teur. Oui.

Il en sera le seul adepte & le Grand Parcier.

L’Abbatiale occupe les dix mètres car­rés de sa cham­bre, rue Cortot.

Un petit pécule, venu de Nor­mandie, lui per­met d’éditer un bul­letin parois­sial (Le Car­tu­laire), via lequel Crin-Crin, alias Mon­sieur-le-Pau­vre, lance des anathèmes con­tre le gratin parisien (tous fro­mages con­fon­dus) : lit­téra­ture & arts & spec­ta­cles + poli­tiques & jour­nal­istes & pub­li­cistes (dont Gau­thi­er-Vil­lars dit Willy) + le Con­ser­va­toire & l’Académie …

 

« Papi­er à let­tres » d’Érik Satie

 

Le 27 octo­bre 1892, Claude Debussy lui dédi­cace ses Cinq poèmes de Baude­laire : Pour Érik Satie, musi­cien doux et médié­val, égaré dans ce siè­cle pour la joie de son bien ami­cal Claude Debussy.

 

Fin du pre­mier épisode, à suiv­re : Épisode 2/3 : Érik Satie, phonométrographe


[1] Cf. Maisons Satie à Hon­fleur.

[2] Érik Satie, Écrits ; réu­nis par Ornel­la Vol­ta (Champ libre, 1977).

[3] Cité par Bruno Gin­er, Érik Satie (bleu nuit édi­teur, col­lec­tion hori­zons, 2016).

[4] Joris-Karl Huys­mans, À Rebours (Char­p­en­tier et Cie, 1884).

[5] Le café-con­cert est l’ancêtre du Music-hall — lequel, comme son nom l’indique, se don­nera dans d’immense salle de spec­ta­cle (« à l’américaine ») et non plus dans de petits cabarets.

[6] Vladimir Jankélévitch, La musique et l’ineffable (Seuil, 1983).

[7] Ful­canel­li, Les Demeures philosophales (Jean-Jacques Pau­vert, 1965) — cité par Romar­ic Ger­gorin, Érik Satie (Actes Sud / Clas­si­ca, 2016).

[8] Poème de Jean Ques­nel — cité par Ornel­la Vol­ta, Érik Satie, hon­fleu­rais (Édi­tions de La Lieu­tenance, col­lec­tion Les Car­nets d’Honfleur, 2007).

[9] Le mode pen­ta­tonique (fréquent en Asie) est une échelle musi­cale con­sti­tuée, comme son nom l’indique, de cinq degrés. Il se dis­tingue du mode usuel (dans la musique occi­den­tale) dit hep­ta­tonique (échelle de sept notes : do ré mi fa sol la si).

[10] Vladimir Jankélévitch, La musique et l’ineffable (Seuil, 1983).

[11] Jean-Joël Bar­bi­er, Au piano avec Érik Satie (Édi­tions Séguier, 2006).

[12] Inau­gurée en décem­bre 1883, L’Auberge du Clou (30 avenue Tru­daine) accep­tait que les artistes-pein­tres payent leur repas en accrochant une toile au clou.

[13] La Librairie de l’Art Indépen­dant (rue de la Chaussée-d’An­tin) a été fondée par un ancien Com­mu­nard, proche des Sym­bol­istes, Hen­ri-Edmond Limet dit Edmond Bail­ly (1850–1916). L’en­seigne, dess­inée par Féli­cien Rops, représente une sirène ailée, accom­pa­g­née de la devise : NON HIC PISCIS MONIUM (« Ce n’est pas là le pois­son de tous »).

[14] SAR sig­ni­fie : « Son Altesse Royale » (plus royale encore avec un accent cir­con­flexe couron­nant le « â »). Sar est aus­si un nom désig­nant divers­es espèces de pois­sons proches de la dorade (dont cer­taines sont « royales »). Le Sar est égale­ment une langue par­lée au Tchad. Enfin, en hébreu, Sar est syn­onyme de « prince, chef, souverain ».

[15] Ici : je résume ; les spé­cial­istes iront voir ailleurs.

[16] Salon de la Rose + Croix : Règle et moni­toire (Den­tu, 1891).

[17] La galerie Durand-Ruel est LA galerie des Impressionistes.

[18] Jour­nal dans lequel ont écrit, jusqu’à l’été 1914 : Jules Bar­bey d’Aurevilly, Tris­tan Bernard, Léon Bloy, Georges Courte­line, Hec­tor Mal­ot, Guy de Mau­pas­sant, Octave Mir­beau, Jules Renard, Auguste Vil­liers de l’Isle-Adam, Émile Zola…

 

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