Érik Satie – 2 : Érik Satie, phonométrographe

Érik Satie – 2 : Érik Satie, phonométrographe

8 septembre 2020 5 Par Félicie Dubois

Érik Satie

1866-1925

II

 

En 1893, Érik Satie (vingt-sept ans) est amoureux de Suzanne Valadon.

 

Érik Satie « Portrait de Suzanne Valadon » (1893)

 

En 1925, à la mort du compositeur, dans le capharnaüm de sa chambre, parmi les piles de papiers calligraphiés d’une écriture gothique, on trouvera un carton sur lequel Satie avait écrit rue Cortot, à Montmartre :

Le 14 du mois de janvier de l’an de grâce de 1893, lequel était un samedi, commença ma liaison d’amour avec Suzanne Valadon, laquelle pris fin le mardi 20 du mois de juin de la même année.

Le lundi 16 du mois de janvier 1893, mon amie Suzanne Valadon est venue pour la première fois de sa vie en cet endroit, et aussi pour la dernière le samedi 17 de juin du même an.[1]

 

Suzanne Valadon « Autoportrait » (1894)

 

Marie-Clémentine Valadon est née le 23 septembre 1865 à Bessines-sur-Gartempe (dans le Limousin) de père inconnu et d’une mère lingère, veuve d’un bagnard.

Elle arrive à Paris à cinq ans, quitte l’école à sept et devient trapéziste au cirque Fernando (futur Médrano) du boulevard Barbès. Huit ans plus tard, une mauvaise chute interrompt sa carrière d’acrobate. Elle se vend au « Marché aux modèles » de la Place Blanche, le samedi matin.

 

Suzanne Valadon en 1885 ©Jean Fabris

 

À dix-huit ans, celle-qui-ne-s’appelle-pas-encore-Suzanne-Valadon donne naissance à un garçon prénommé Maurice que l’artiste catalan Miquel Utrillo i Morlius reconnaîtra des années plus tard, lui transmettant la moitié seulement de son nom.

 

Mère & enfant (Suzanne Valadon et Maurice Utrillo) D.R.

 

Celle-qui-se-fait-appeler-Maria pose pour Puvis de Chavannes + Auguste Renoir ou Henri de Toulouse-Lautrec, lequel devient son ami.

Toulouse-Lautrec l’encourage à dessiner et la rebaptise « Suzanne », un prénom à la mode (« Marie-Clémentine » ou « Maria » font vieux jeu).

 

Toulouse-Lautrec, « Portrait de Suzanne Valadon » dit « Gueule de bois » (1888)

 

En 1894, Edgar Degas appuie la candidature de Suzanne Valadon à la nouvelle Société Nationale des Beaux-Arts où elle sera la première & seule femme à exposer.

 

Suzanne Valadon « Portrait d’Érik Satie » (1893)

 

Au lendemain de leur première nuit d’amour, Érik Satie la demande en mariage.

Lui préférant un riche banquier, Suzanne Valadon épouse Paul Mousis — autrement dit une vie stable et confortable.

 

En 1909, elle quittera son mari pour un ami de son fils, André Utter[2], de vingt ans son cadet. Le Trio Infernal — Valadon & Utrillo & Utter — vivra sous le même toit jusqu’à la mort de Suzanne.

 

Suzanne Valadon « Adam et Ève » (André Utter & Suzanne Valadon, 1909)

 

Suzanne Valadon est morte le 7 avril 1938 à Paris, entourée de ses amis André Derain, Pablo Picasso et Georges Braque.

Elle est enterrée à Saint-Ouen.

Son atelier — 12 rue Cortot — abrite aujourd’hui le Musée de Montmartre.

 

Atelier de Suzanne Valadon ©Félicie Dubois

 

En souvenir de son unique liaison d’amour, Érik Satie compose une pièce courte pour piano devant être jouée 840 fois à la suite — le temps de souffrir autant que son auteur, si possible : VEXATIONS[3]

 

The Velvet Gentleman

 

En 1895, grâce à la générosité de ses amis normands, les frères Le Monnier (Fernand et Louis), Érik Satie achète sept costumes de velours côtelé identiques de couleur fauve, avec bonnets et pardessus assortis, à « La Belle Jardinière » (vêtements confectionnés et sur mesure — un des tout premiers grands magasins parisiens).

 

Érik Satie en velvet dans une guinguette, D.R.

 

En 1896, Claude Debussy (Prix de Rome en 1884, autrement dit déjà « installé ») orchestre deux Gymnopédies d’Érik Satie (1 & 3) pour aider son ami à diffuser sa musique.

 

Malgré l’aide du « bon Claude » + les cours particuliers de piano qu’il donne aux enfants de ses amis fortunés, Le Gentilhomme de velours ne peut plus payer son loyer, rue Cortot, et déménage au rez-de-chaussée du même immeuble dans une sorte de « placard », dit-il.

 

En 1897, Érik Satie compose la dernière Gnossienne + les deux Pièces froides + les trois Airs à faire fuir + les trois Danses de Travers.

 

 

L’année suivante, à l’automne 1898, Érik Satie quitte son placard de Montmartre pour 15m2 à Arcueil-Cachan, au sud de Paris, dans le Val-de-Marne.

Bibi-la-purée, un proche de Rodolphe Salis, grand ami de Paul Verlaine, vient de quitter sa chambre au 2e étage d’une maison ouvrière (22 rue Cauchy), dite « des Quatre Cheminées ».

Érik Satie s’y replie.

Il y restera vingt-six ans.

 

« Carrefour des Quatre Cheminées » (vers 1900) D.R.

 

Personne n’entrera dans le logis d’Érik Satie, si ce n’est à quatre pattes : les chiens errants d’Arcueil-Cachan seront les seuls à monter l’escalier avec lui.

 

Constantin Brancusi « L’Escalier de Satie, rue Cauchy » (1928)

 

En 1899, Érik Satie est pianiste — tapeur à gages, dit-il — sous l’enseigne de plusieurs cabarets montmartrois. Il compose des mélodies — des rudes saloperies — pour Vincent Hyspa[4] et Paulette Darty.[5]

 

Tous les jours, au petit matin, il rentre à pied jusqu’à la rue Cauchy (une vingtaine de kilomètres environ.)

 

 

Le 19 octobre 1899, à Paris, Érik Satie est le témoin de Claude Debussy qui épouse Marie-Rosalie Texier dite « Lilly ».

Érik écrit à son frère Conrad : Si je n’avais pas Debussy pour causer des choses un peu au-dessus de ce dont causent les hommes vulgaires, je ne vois pas comment je ferais pour exprimer ma pauvre pensée — si je l’exprime encore.[6]

 

Le 30 avril 1902, à l’Opéra-Comique, la création de Pelléas et Mélisande, drame lyrique en cinq actes de Claude Debussy (un opéra après Wagner, et non pas d’après Wagner, souligne son compositeur), sur un livret de Maurice Maeterlinck[7] et sous la direction d’André Messager[8], révèle « le bon Claude » au monde entier.

Est-ce le succès ou le génie de son « meilleur ami » qui bouleverse à ce point Érik Satie ? Il écrit à son frère, Conrad : Plus rien à faire de ce côté-là, il faut chercher autre chose ou je suis perdu.[9]

 

Man Ray « La Poire d’Érik Satie » (1969)

 

En 1903, en réponse à ceux qui reprochent à sa musique d’être « informelle », Érik Satie compose Trois morceaux en forme de poire (en sept mouvements) pour piano à quatre mains.

Le 17 août, il écrit à Claude Debussy : Monsieur Érik Satie travaille en ce moment à une œuvre plaisante (…) Monsieur Érik Satie est fou de cette nouvelle invention de son esprit. Il en parle beaucoup et en dit grand bien. Il la croit supérieure à tout ce qui a été écrit jusqu’à ce jour ; peut-être se trompe-t-il (…) Vous qui le connaissez bien, dites-lui ce que vous en pensez : sûrement il vous écoutera mieux que quiconque, tant est portée son amitié pour vous.[10]

Trois morceaux en forme de poire, par Vladimir Jankélévitch et Jean-Joël Barbier (in : « Rendez-vous avec Vladimir Jankélévitch : Autour d’Érik Satie » – 1971) ; c’est offert de bon cœur :

 

Érik écrit à son frère Conrad : Je m’ennuie à mourir de chagrin ; tout ce que j’entreprends timidement rate avec une hardiesse inconnue à ce jour.[11]

 

En 1904, cependant, Satie compose le premier ragtime[12] de la musique « savante » occidentale : Picadilly.

 

 

Le Bon Maître d’Arcueil

 

En l’année de grâce de 1905, à bientôt quarante ans, Érik Satie retourne à l’école, plus précisément à la Schola Cantorum[13], dirigée par Vincent d’Indy[14], où il s’inscrit au cours de contrepoint d’Albert Roussel[15].

Le compositeur des Gymnopédies, des Gnossiennes et de Trois morceaux en forme de poire devient l’élève d’un professeur plus jeune que lui.

Il change de costume.

Dorénavant, Érik Satie n’apparaîtra plus qu’en scribe bureaucratique (tendance Bartleby ©Herman Melville), chapeau melon & faux col & parapluie.

 

Érik Satie (juillet 1909, Studio Hamelle, Arcueil) ©Robert Caby

 

Entre 1906 et 1908, Érik Satie compose Prélude en tapisserie + Allons-y Chochotte + Pièces froides pour un chien + Aperçus désagréables.

 

 

En 1908, Érik Satie est nommé « directeur du service intérieur du patronage laïque de la mairie d’Arcueil ». Il s’occupe des enfants déshérités de la commune, les promenant tous les jeudis, et compose des piécettes pour piano adaptées à la morphologie de leurs petites mains.[16]

 

En 1909, Maurice Ravel[17] participe à la fondation de la Société Musicale Indépendante (SMI), aux côtés de Gabriel Fauré[18], Florent Schmitt[19] et Charles Kœchlin[20], qui veulent se démarquer de la Société Nationale de Musique (SNM), jugée trop conservatrice (et dominée par César Franck[21]).

L’anti-académisme proclamé d’un Érik Satie (outsider) est mis en avant par Ravel contre Debussy — lequel, soudain, n’est plus qu’un musicien « impressionniste », autrement dit, déjà, d’hier.

Exit le principal adversaire.

Accessoirement, Érik Satie devient « le père de la musique moderne ».

 

Érik Satie et Claude Debussy en 1910, D.R.

 

Érik Satie et Claude Debussy étaient-ils amis ?

Sans doute pas au sens de Montaigne et La Boétie (tendre liaison réincarnée, notamment, par Villiers de l’Isle-Adam et Stéphane Mallarmé /Cf. La Série Villiers).

Leur relation aura duré un quart de siècle : de 1891 à 1917, ce n’est pas rien.

Leur légende sera cousue main par Jean Cocteau dans une conférence donnée, pour la première fois, en 1920 :

Debussy fréquentait alors l’auberge du Clou, mal vu des artistes de gauche, parce qu’il venait d’avoir le Prix de Rome — on l’évitait. Un soir, Debussy et Satie se trouvent à la même table. Ils se plaisent. Satie demande à Debussy ce qu’il prépare. Debussy composait, comme tout le monde, une « wagnérie ». Satie fit la grimace : Croyez-moi, murmura-t-il, assez de Wagner ! (…) Pas de couplets, pas de leitmotiv — se servir d’une certaine atmosphère « Puvis de Chavannes » [22]

 

Puvis de Chavannes « Le Bois sacré cher aux arts et aux muses » (1884)

 

Hors les murs, le 7 août 1909, Érik Satie est élevé au rang d’Officier par le préfet de la Seine qui lui remet les Palmes académiques pour mérite civique.

Un vin d’honneur est organisé en hommage à celui que l’on surnomme à présent « Le Bon Maître d’Arcueil ».

 

 

Nota Bene : le 31 mars 2016, le conseil municipal de la mairie d’Arcueil s’est réuni avec, pour Ordre du Jour, le vote d’une subvention spéciale de plusieurs milliers d’euros attribuée aux festivités du 17 mai suivant marquant le 150e anniversaire de la naissance d’Érik Satie, célébrité communale. Un conseiller Front National, monsieur Truffaut, s’est alors écrié : « L’argent public ne doit pas servir à honorer un compositeur alcoolique membre du Parti Communiste ! » (In : Le Parisien du 1er avril — sic.)

 

Le 16 janvier 1911, salle Gaveau — Gloria In Excelsis Locus ! — Maurice Ravel et le pianiste Ricardo Viñes interprètent la troisième Gymnopédie, la deuxième Sarabande et un Prélude du Fils des étoiles.

Le programme présente Érik Satie comme un compositeur qui occupe dans l’histoire de l’art contemporain une place véritablement exceptionnelle. En marge de son époque, cet isolé a écrit jadis quelques courtes pages qui sont d’un génial précurseur. Ces œuvres malheureusement peu nombreuses, surprennent par une préscience du vocabulaire moderniste et par le caractère quasi prophétique de certaines trouvailles harmoniques.

 

Le 25 mars de la même année, salle Gaveau — Gloria In Excelsis Locus /bis — Claude Debussy dirige son orchestration des Gymnopédies (1 & 3) lesquelles l’emportent en applaudissements sur ses propres compositions.

Au lieu de féliciter son ami (qui n’attend que ça), Debussy est convaincu que Satie a voulu l’humilier.

De son côté, Érik écrit à son frère Conrad : Pourquoi ne veut-il pas me laisser une toute petite place dans son ombre ? je n’ai que faire du soleil.[23]

 

Érik Satie continuera à venir déguster des côtelettes et des œufs, arrosés d’un petit-vin-blanc-je-ne-vous-dis-que-ça, chez Claude Debussy qui lui présentera, un beau jour de juin : Igor Stravinsky[24].

Il me plut du premier coup, se souviendra Igor, en dictant ses Mémoires. C’était une fine mouche. Il était plein d’astuce et intelligemment méchant.[25]

 

En 1912, Érik Satie commence à publier dans la Revue musicale S.I.M.[26] des extraits de ses Mémoires d’un amnésique.[27]

 

CE QUE JE SUIS (Fragment)

Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musicien. C’est juste.

Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite, classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont de la pure phonométrique. 

(…)

Du reste, j’ai plus de plaisir à mesurer un son que j’en ai à l’entendre.

(…)

La première fois que je me servis d’un phonoscope, j’examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n’ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J’appelai mon domestique pour le lui faire voir.[28]

 

« Érik Satie donne un bouquet de fleurs à Maurice Utrillo » (spectacle d’ombres de Nicolas Bataille, 1993)

 

LA JOURNÉE DU MUSICIEN (Fragment)

L’artiste doit régler sa vie.

Voici l’horaire précis de mes actes journaliers :

Mon lever : à 7h. 18 ; inspiré : de 10h. 23 à 11 h. 47. Je déjeune à 12 h. 14.

(…)

Je ne mange que des aliments blancs (…)

Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia (…)

Je respire avec soin (peu à la fois)

(…)

D’aspect très sérieux, si je ris, c’est sans le faire exprès. Je m’en excuse toujours et avec affabilité.

Je ne dors que d’un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d’un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.

(…)

Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : « Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place. »[29]

 

Érik Satie compose les Véritables préludes flasques (pour un chien) + Descriptions automatiques + Embryons desséchés.

 

 

En 1913, Érik Satie rencontre Georges Auric, de trente-trois ans son cadet, compositeur & membre fondateur du « Groupe des Six » (nous reviendrons sur ce sujet), qui finira par se brouiller avec lui, comme tout le monde, oui.

 

Maurice Sachs se souvient d’Érik Satie : Il était tout gris. Sa modestie cachait beaucoup d’amertume, d’horrible misère, des peurs nerveuses, des haines dissimulées. Il était susceptible à l’excès, vindicatif, rancunier et pourtant point méchant dans le fond.[30]

 

Les Ballets Russes créent Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky.

Guillaume Apollinaire publie Calligrammes.

Marcel Proust (à compte d’auteur, chez Bernard Grasset[31], après que le manuscrit a été refusé au Mercure) : Du côté de chez Swann

 

Érik Satie compose Sports et Divertissements + Trois valses distinguées du précieux dégoûté (en réplique aux Valses nobles et sentimentales de Ravel).

Le concept-album Sports et Divertissements est une commande du journaliste & éditeur Lucien Vogel[32], lequel avait d’abord sollicité Igor Stravinsky … finalement trop cher pour lui.

Dans la Préface, Érik Satie écrit : Cette publication est constituée de deux éléments artistiques : dessin et musique. La partie dessin est figurée par des traits — des traits d’esprit ; la partie musicale est représentée par des points — des points noirs. Ces deux parties réunies en un seul volume forment un tout : un album. Je conseille de feuilleter ce livre d’un doigt aimable et souriant, car c’est ici une œuvre de fantaisie. Qu’on n’y voie pas autre chose.[33]

 

« Water-Chute », partition d’Érik Satie & aquarelle de Charles Martin (1914)

 

Le 28 juin de l’an de grâce de 1914, l’Archiduc François-Ferdinand d’Autriche, héritier de l’Empire austro-hongrois, et son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, sont assassinés à Sarajevo. Les jeux d’alliances diplomatiques entrainent l’Europe dans la Première Guerre industrielle Mondiale.

Au lendemain de l’assassinat du pacifiste Jean Jaurès (le 31 juillet), Érik Satie adhère à la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière).

Le 2 août 1914, la Mobilisation Générale est décrétée en France.

 

 

Trop vieux pour être appelé sous les drapeaux (48 ans), Érik Satie s’engage dans les Milices Socialistes d’Arcueil — rapidement dissoutes pour tapage nocturne.

 

La Première Guerre industrielle Mondiale va durer quatre ans ; elle sera accompagnée, puis suivie, par la Grippe dite, à tort, « espagnole ».

Nous reviendrons sur ce sujet.

(Cf. La Série Guillaume Apollinaire)

 

En l’an de grâce de 1915, Érik Satie rencontre Jean Cocteau par l’entremise de Valentine Gross — peintre & illustratrice, épouse de Jean Hugo, lui-même artiste & arrière-petit-fils du grand Victor.

 

Fin du deuxième épisode, à suivre : Épisode 3/3 : Érik Satie, icône Dada


[1] Cité par Ornella Volta dans L’Hymagier d’Érik Satie (éditions Francis Van de Velde / avec le concours du Théâtre National de l’Opéra de Paris, 1979).

[2] André Utter (1866-1948) peintre français.

[3] Vexations sera créé en 1963 par John Cage, accompagné d’une douzaine d’interprètes (dont John Cale, co-fondateur avec Lou Reed, l’année suivante, du Velvet Underground) qui se relaieront, pendant plus de dix-huit heures, sans interruption.

[4] Vincent Hyspa (1865-1938) chansonnier montmartrois, versé dans la satire politique.

[5] Paulette Darty (née Pauline Joséphine Combes, 1871-1939) chanteuse d’opérette et de variétés dite « la reine de la valse lente ».

[6] Érik Satie, Correspondance presque complète ; réunie et présentée par Ornella Volta (Fayard-IMEC, 2000).

[7] Maurice Maeterlinck (1862, Gand – 1949, Nice) poète, dramaturge et essayiste belge, prix Nobel de Littérature en 1911.

[8] André Messager (1853-1929) compositeur et chef d’orchestre français.

[9] Érik Satie, Correspondance presque complète ; réunie et présentée par Ornella Volta (Fayard-IMEC, 2000).

[10] Érik Satie, Correspondance presque complète ; op. cit.

[11] Érik Satie, Correspondance presque complète ; op. cit.

[12] Le ragtime a été inventé par les afro-américains au début du dix-neuvième siècle ; les premiers rags sont des cake-walks, danses parodiques accompagnées au banjo ou au piano à l’occasion de concours où l’on pouvait gagner un gâteau.

[13] La Schola Cantorum est un établissement supérieur d’enseignement musical privé, fondé en 1894 par Charles Bordes, Alexandre Guilmant et Vincent d’Indy contre l’école Niedermeyer (dont venait Maître Vinot, le premier professeur de Crin-Crin.) Elle a ouvert ses portes en 1896, rue Stanislas (à Montparnasse) pour finalement s’installer, en 1900, rue Saint-Jacques (Quartier Latin), dans un ancien couvent de Bénédictins Anglais où elle se trouve encore aujourd’hui.

[14] Vincent d’Indy (1851-1931) ; compositeur français nationaliste et antidreyfusard, membre de la Ligue de la Patrie française (fondée en réaction à la Ligue des Droits de l’Homme), dont Maurice Barrès, Edgar Degas, Auguste Renoir, Jules Verne et tant d’autres font partie … Vincent d’Indy contribuera activement à l’aura de Beethoven et de Wagner en France.

[15] Albert Roussel (1869-1937) compositeur français.

[16] Érik Satie, Menus propos enfantins + Peccadilles importunes + Enfantillages pittoresques (1913).

[17] Maurice Ravel (1875, Ciboure – 1937, Paris) ; Ravel et Satie se sont rencontrés au Chat Noir (Maurice était alors adolescent.) Lorsque les deux musiciens se retrouvent, presque vingt-ans plus tard, Ravel n’a pas encore composé le Boléro (1928) qui le rendra célébrissime, mais déjà Pavane pour une infante défunte + les Jeux d’Eau + Ma mère l’Oye … Érik Satie n’était pas tendre avec son cadet. Dans le premier numéro de la revue Le Coq (©Cocteau) en mai 1920, en réaction à la publicité faite autour du refus d’une médaille par Ravel, Satie écrit : Ravel refuse la Légion d’Honneur mais toute sa musique l’accepte.

[18] Gabriel Fauré (1845, Pamiers — 1924, Paris) pianiste et compositeur français (auteur, notamment, d’un sublime Requiem en 1888).

[19] Florent Schmitt (1870-1958) compositeur français.

[20] Charles Kœchlin (1867-1950) compositeur français.

[21] César Franck (1822, Liège — 1890, Paris) compositeur et organiste franco-belge.

[22] « Conférence de Jean Cocteau sur Érik Satie » (In : la Revue Musicale, 1924).

[23] Érik Satie, Correspondance presque complète ; réunie et présentée par Ornella Volta (Fayard-IMEC, 2000).

[24] Igor Stravinsky (1882, Saint-Pétersbourg – 1971, New York) ou Stravinski ou Strawinsky (comme l’orthographie Émile Vuillermoz dans sa fameuse Histoire de la Musique, Arthème Fayard, 1949) est un compositeur russo-franco-américain à l’influence considérable.

[25] Igor Stravinsky, Chroniques de ma vie (Denoël, 2000).

[26] Revue musicale S.I.M. (Honorée d’une souscription du Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts), mensuelle, parution de novembre 1909 à juillet 1914.

[27] Mémoires d’un amnésique, édition annotée par Raoul Coquereau (Ombres, 2010).

[28] Érik Satie, Mémoires d’un amnésique (Ce que je suis) ; In : Revue musicale S.I.M. (15 avril 1912).

[29] Érik Satie, Mémoires d’un amnésique (La journée du musicien) ; In : Revue musicale S.I.M. (15 janvier 1913).

[30] Maurice Sachs, La Décade de l’illusion (re-éd, Grasset, 2018).

[31] Bernard Grasset (1881, Montpellier — 1955, Paris) ; … un homme très caractéristique de notre temps, rapide, heureux de l’être, audacieux, qui m’a paru merveilleusement intelligent, et très cultivé — écrit Maurice Sachs le 21 décembre 1919 ; In : Le Bœuf sur le toit (La Nouvelle Revue Critique, 1939 ; Grasset & Fasquelle, 1987). En 1923, Bernard Grasset publiera le premier roman d’un auteur juvénile : Le Diable au corps de Raymond Radiguet (1903-1923) avec des méthodes réservées jusqu’alors aux savons (dixit Maurice) ; le tirage moyen (habituellement = 2 000 exemplaires) sera de 10 000 exemplaires pour le « petit protégé de Cocteau. » Grasset invente le Service de Presse (envoi « gratuit » d’un ouvrage avant parution aux « prescripteurs » potentiels : journalistes & autres influenceurs.)

[32] Lucien Vogel (1886 -1954), éditeur et journaliste français, époux d’Yvonne (dite Cosette) de Brunhoff (1886 – 1964). En 1920, Cosette Vogel est la première rédactrice en chef du magazine Vogue France. Ils auront trois enfants. L’aînée, Marie-Claude (née en 1912) sera résistante puis députée communiste sous le nom de Vaillant-Couturier.

[33] Sports et Divertissements, partitions d’Érik Satie & dessins de Charles Martin (éditions Lucien Vogel, 1923).

Partager :